Aaah Katmandou. On imagine se promener en vallée de Katmandou, toi et moi main dans la main, écouter l’herbe qui pousse, une fleur dans les cheveux et une guitare sur le dos. De temples hindous en auberges miteuses, les rencontres mystiques façonnant notre chemin dans un dédale d’amour et de spiritualité…

Autant vous le dire tout de suite, vous n’y êtes pas du tout. Les hippies ont été chassés avant les années 1970. Aujourd’hui Katmandou est une ville moderne quoique délabrée, pauvre, bruyante, surpeuplée, poussiéreuse et surtout extrêmement polluée.

Les enfants, bienvenue donc à Katmandou.


Cet article est un billet d’humeur. Vous trouverez les informations sur le Népal ici : Nepal, retour d’expérienceOrganiser ton trek au Nepal

Katmandou, rivière Vishnumati
Katmandou, rivière Vishnumati

Katmandou – Quartier de Thamel


Le quartier de Thamel est un endroit magique. C’est le centre névralgique du tourisme à Katmandou. Un dédale de ruelles et d »échoppes par milliers, parmi lesquelles se cache, au détour d’une allée, un ancien palais Rana reconverti en hôtel, une boutique de luxe et quelques restaurant originaux, perdus dans un écrin de verdure.

Marchands, conducteurs de rickshaw ou de taxis, musiciens de rue, dealers de cannabis, rabatteurs, guides, jeunes filles demandant des dons, il n’est pas possible de parcourir trois mètres dans Thamel sans se faire alpaguer, mais jamais avec trop d’insistance. De part la quantité d’échoppes en tout genre, Thamel correspond à un gigantesque souk ou il est juste inconcevable de repartir sans un éventail de souvenir emblématique du Népal : bijoux, bol a prières, écharpes en cachemire, pulls & panchos en laine, encens, bracelets en turquoise, drapeaux de prières, bref tout ce que vous voulez…

Katmandou, Thamel.
Katmandou, Thamel.

Alors évidemment, on vient à Thamel, on y mange, on y dort et on y traîne. Car entre deux marchands de babioles, on trouve tout l’équipement de trekking au quart du prix européen (North Fake), et l’intégralité des agences de trekking. La nuit venue apporte sa déconvenue : le quartier est certes pratique et animé, mais aussi un vrai capharnaüm et sans boules quies, impossible de dormir. C’est de loin le quartier dans lequel il y a le plus de touristes.


Durbar square et le vieux Katmandou


Durbar Square est la place des seigneurs. Elle ne ressemble a aucun autre endroit, si ce n’est un autre Durbar Square (voir plus bas, Patan). Plus une large rue pavée qu’une place, Durbar square abrite une douzaine de temples et stupas, ainsi que 3 palais (Durbar = palais), dont la résidence de la Kumari. Si les édifices sont remarquables, il est toutefois difficile de trouver une cohérence harmonieuse, tant la restauration inégale des temples profère à ce lieu un aspect hétéroclite. Le palais de la Kumari est d’apparence modeste, comparée au somptueux palais auquel il fait face, mais recèle un joli patio fleuri.

Katmandou, Durbar Square. Temples d'Indrapur, de Jagannath et de Vishnu
Katmandou, Durbar Square. Temples d’Indrapur, de Jagannath et de Vishnu

Autour se dresse la vieille ville, dont les façades de bois sculpté des maisons sont impressionnantes. Lorsqu’on s’égare dans le dédale de ruelles, on arrive dans de petites cours intérieures, abritant des autels d’offrandes, autour de maisons souvent dans un état de délabrement avancé. En s’éloignant de Durbar Square vers le sud, la foule diminue, et les touristes se font plus rares. Le coeur de Katmandou révèle alors sa vraie richesse, de bassins d’ablution aux  temples oubliés, des statues antiques de divinité hindou méconnaissables et des artisans fabriquant de véritables oeuvre d’arts.

Katmandou, vieille ville
Katmandou, vieille ville

Depuis Thamel, on accède à la Durbar Square par une rue piétonne, au travers d’une foule compacte de gens, mobylettes et rickshaw, progressant à force de klaxons et sonnettes. De chaque côté alternent échoppes de produits courants (vêtements, électronique,…), petits marchés (graines, légumes, champignons,…) et articles d’offrandes. Quelques temples dédiés à quelques divinités hindoues obscures trônent au milieu de petites places bondées.

Katmandou, vers le temple de Swayambhunath. Artisan
Katmandou, vers le temple de Swayambhunath. Artisan

Katmandou – Temple de Swayambhunath


Le temple de Swayanbhunath est un incontournable. Dressé sur une montagne, il abrite un immense stupa, une entrée magistrale, un village, et une bonne centaine de singes rhesus (vous savez ces petits singes méchants).

Si on est pas feignant (et qu’on a pas peur), on peut facilement y aller à pied depuis Thamel. Il faut un peu demander son chemin parce que c’est un peu galère à pied, les rues sont toutes défoncées (les camions de chantier ne passent pas, c’est pour dire), mais c’est l’occasion de découvrir un peu le Katmandou des népalais, des temples oubliés du tourisme, de s’immerger dans la culture locale. Tant que c’est possible.

Katmandou, temple de Swayambhunath
Katmandou, temple de Swayambhunath

On arrive ainsi, après une petite heure de route, au pied du temple, par la petite porte. Le temple est là-haut, a quelques centaines de marches, calme au début puis de plus en plus raides. Marchands insistants, touristes et surtout singes jalonnent le parcours ombragé. Une fois en haut, on découvre un immense stupa, bordée de 4 petits temples, gardiens de symboles, et tout un village de moines et de commerçants. Beaucoup de moines vivent ici, peut-être plus d’une centaine, avec tout le confort moderne, pas du tout en pauvre ascète. Le bouddhisme tibétain est de l’école vajrayana, dont le précepte moteur est la méditation, et non l’ascétisme. Ne mélangeons donc pas tout.

Katmandou, temple de Swayambhunath
Katmandou, temple de Swayambhunath

Swayanbhunath, c’est le joyau bouddhiste de Katmandou, un lieu de pèlerinage unique, chargé d’histoire. Faire le tour du temple en tournant les moulins à prière, allumer une lampe à beurre, s’arrêter devant une offrande, discuter avec un moine, prendre le temps d’admirer le paysage, Katmandou devant nous à perte de vue, tout cela permet de reposer l’esprit, de s »imprégner de l’atmosphère méditative du lieu saint. Loin de la cohue de Thamel, et de l’impatience maladive du trekkeur affamé.

Katmandou, temple de Swayambhunath. Lampes à beurre
Katmandou, temple de Swayambhunath. Lampes à beurre

Vallée de Katmandou – Patan


Aujourd’hui, je suis allé à Patan, que les népalais appelle Lalitpur (les anciens noms des grandes villes des vallées finissent toutes par « pur ». Katmandou = Kantipur).

A pied ce n’est pas très loin. Même pas 6 km. Sur le chemin j’ai croisé une rivière, 5 mendiants, dont 1 enfant, 7 chantiers sur le trottoir, 12 chiens mourants ou lymphatiques, 1 chien vaillant, 2 centres commerciaux qui ne vous donneraient absolument pas envie d’acheter quoi que ce soit, 3 musiciens, 3 temples, 7 singes, 2 touristes étrangers c’est dire si les touristes sont aventureux, 6 policiers qui régulaient la circulation, traversé 5 avenues autrement dit frôlé 5 fois la mort, et passé devant des centaines de petites échoppes.

Vallée de Katmandou - Patan, bassin
Vallée de Katmandou – Patan, bassin

Patan est une sorte de Katmandou en miniature. Même ruelles anciennes, mêmes temples dédiés aux mêmes divinités, même place principale (Durbar Square, même le nom est le même !), mêmes bibelots dans les échoppes. Le travail artisanal est toutefois différent (commerce oblige), concentré sur le travail du cuivre et du bois.

Pour la petite histoire, Kantipur, Lalitpur et Bakhtapur sont devenus 3 royaumes indépendants à la mort d’un roi de la Dynastie des Malla, vers 1400 et des poussières. Chacun voulant rayonner à sa façon, beaucoup de construction se ressemblent donc.

Vallée de Katmandou - Patan, Golden Temple
Vallée de Katmandou – Patan, Golden Temple

Miniature donc, et pour le coup beaucoup moins assourdissante. Se promener dans le dédale de ruelles au hasard des petites cours qui communiquent entres elles amène de jolies surprises, façades en bois sculptées, petites statues d’offrandes, temples cachés, et du linge qui sèche quand on s’est trompé et qu’on arrive dans une cour privée. La petite vie de ces gens, qui arrivent à habiter dans des bâtiments construits il y a 500 ans, absolument pas retapés, et donc quasiment en ruines m’étonne et m’émeut a la fois. On a l’impression de remonter dans le temps, à des vies réglées pas des rites ancestraux, immuables…

Vallée de Katmandou - Patan, rue des cuivres et bronzes
Vallée de Katmandou – Patan, rue des cuivres et bronzes

Et il suffit de ressortir de ce dédale de ruelles pour retrouver une vie qui fourmille de gens, de bruits et d’odeurs caractéristiques du monde moderne.

Vallée de Katmandou - Patan, Durbar Square. Statue du roi Yoganarendra Malla
Vallée de Katmandou – Patan, Durbar Square. Statue du roi Yoganarendra Malla

 

Vallée de Katmandou - Patan, vieille ville
Vallée de Katmandou – Patan, vieille ville

Vallée de Katmandou – Bhaktapur et temple de Changu Narayan


Ah Bhaktapur ! Je lis « ville médiévale ». Je m’attends à une ville fortifiée, a l’occidentale. Quel idiot. Bhaktapur est une ville de briques rouges. Entièrement en briques rouges, voyez : maisons, bassins, routes, égouts, temples, tout. Un rouge dans le genre plus rouge que Toulouse mais moins rouge que Dunkerque.

Lorsqu’on pénètre dans Bhaktapur, on a instantanément l’impression de repartir 500 ans en arrière. Tout est ancien, délabré (c’est un mot que j’utilise beaucoup, délabré, mais force est de constater que tout ce qui ancien est franchement délabré, pas de ma faute), conçu avec les standards de l’époque, des petites ruelles biscornues aux habitations branlantes. Au détour d’une allée, on s’arrête devant un balcon en bois sculpté, puis un autre, puis un bassin, puis une fenêtre. Et on arrive sur une place, ouverte, bordée de temples séculaires. C’est beau. C’est superbe même.

Début novembre, le riz est récolté, et la ville est transformée en un immense grenier à grains. Dans les rues, le riz est répandu sur de grandes toiles de jute pour sécher et être trié. Ce sont les femmes qui travaillent. Les hommes regardent. Du matin au soir.

Vallée de Katmandou - Bhaktapur, vers le quartier des potiers
Vallée de Katmandou – Bhaktapur, vers le quartier des potiers

Il faut impérativement rester au moins une nuit à Bhaktapur, pour s’imprégner de l’atmosphère, faire un tour près des temples, descendre à la rivière, sortir des sentiers battus. Bhaktapur est une ville qui se vit, qui se ressent. Le jour, la vie bat son plein, de petits marchés s’installent dans les rues, les écoliers se promènent en uniforme, les artisans travaillent argile et cuivre. La nuit, les rues ne sont éclairées que par quelques lumières blafardes, les maisons sont souvent éteintes, et on se plaît à se perdre dans la pénombre d’un carrefour, pour finalement atteindre un petit autel, éclairé seulement par quelques bougies.

Vallée de Katmandou - Bhaktapur, Tachupal Tole
Vallée de Katmandou – Bhaktapur, Tachupal Tole
Vallée de Katmandou - Bhaktapur, poteries
Vallée de Katmandou – Bhaktapur, poteries

Les nuits de pleine lune plongent les rues de Bhaktapur dans une atmosphère mystique. Les rues sont animes par des chants religieux, les hommes jouant de la musique autour d’une offrande représentant un dessin ou une divinité. La ville entière est éclairée à la lumière des bougies.

Vallée de Katmandou - Bhaktapur, célébration de la pleine lune
Vallée de Katmandou – Bhaktapur, célébration de la pleine lune

Le temple de Changu Narayan ne se trouve qu’à quelques kilomèrte de Bhaktapur, sur le sommet d’une colline. Une merveille. Honnêtement le plus beau temple (hindou) qu’il m’ait été donné de voir. Considéré comme le plus vieux temple du Népal, mais néanmoins magnifiquement conservé, il expose le meilleur du style Licchavi, que l’on retrouve par ailleurs un peut partout dans la vallée.Le village autour est moins intéressant.

Vallée de Katmandou - Temple de Changu Narayan, offrandes
Vallée de Katmandou – Temple de Changu Narayan, offrandes
Vallée de Katmandou - Bhaktapur, rue
Vallée de Katmandou – Bhaktapur, rue

Vallée de Katmandou – Bodnath, monastère de Kopan et Gokharna Mahadev


Le stupa de Bodnath, plus grand stupa d’Asie (donc du monde, je ne vois pas trop où il pourrait y avoir une communauté bouddhiste plus répandue qu’en Asie, mais bon), en impose. Un truc plutôt énorme, blanc comme la neige, bordé de dizaines de moulins à prières (147, j’ai compté), et surtout de dizaines de touristes plus ou moins fervents qui en font le tour, pratiquement tous dans le bon sens d’ailleurs (horaire, preuve qu’ils ont bien lu le guide avant de venir). Mais Bodnath, c’est aussi une ville, vivante, qui contient une vingtaine de monastères, tous bouddhistes, et ainsi plusieurs milliers de moines. Sachant cela, je me suis dit que j’allais voir des moines en robe de partout. Ben non. On en voit certes, qui font leur courses ou qui vagabondent, mais pas les milliers attendus. Un peu déçu. Alors en m’immisçant dans le territoire sacré des moines, à savoir leurs monastères, j’ai pu me rendre compte qu’en fait la plupart d’entre eux traînassaient, discutaient, dormaient, ou juste ne faisaient rien. Alors quand on voit des « donation box » a l’entrée des monastères, je trouve ça triste. Pour quoi faire ? Entretenir leur oisiveté ? Révoltant. Les moines sont finalement des gens comme nous, à la différence près qu’ils s’habillent en toge et qu’ils se réveillent (et nous aussi par la même occasion) en soufflant dans une sorte de cor pendant une heure a 5h du matin, pour ensuite passer leur journer à apprendre par cœur et réciter des mantras. Encore plus révoltant : chaque moine à son Samsung galaxy S5 ! On est loin de la vie d’ascète. Quand je serai grand, je voudrais être moine à Bodnath…

Vallée de Katmandou - Stupa de Bodnath
Vallée de Katmandou – Stupa de Bodnath

Du coup, je suis parti un peu voir ailleurs si j’y étais, pour aller trouver le monastère de Kopan, un truc perdu sur une colline, en essayant de me fier à la carte du site. Bon, les népalais ne sont pas bon pour les cartes. On y comprend rien, les distances et les directions ne sont pas respectées, comment voulez vous qu’on s’y retrouve…

Bref, j’arrive au monastère, encore un truc immense, avec une école, des immeubles d’habitations… Le monastère en lui même n’a aucun intérêt. Je rentre, et je vois pas mal d’occidentaux. Touristes, à première vue, ce qui semble toutefois bizarre étant donné l’isolement du site. Devant le monastère, des dizaines de moines s’entraînent à se claquer proprement dans les mains. Véridique. Oisiveté je vous dis… Bon, je fais un peu le tour, je visite, et là, je vois des occidentaux qui marchent autour des bouddhas, en récitant des mantras, un cahier de notes à la main. Des stagiaires ! Il y a donc des stagiaires occidentaux en retraite dans ce monastère, incroyable.

Monastère de Kopan, moines en plein débat (ne pas déranger)
Monastère de Kopan, moines en plein débat (à ne surtout pas déranger)

Enfin je fini mon petit tour pour aller trouver le temple (plus un monastère cette fois) de Gokharna Mahadev. 6km. Facile. Je me paume un peu, mais pas de trop, franchement j’étais presque bien. Il faut dire que le monastère est un vieux machin un peu caché. Tout seul, pas de touriste étranger. Le temple est contemporain de Changu Narayan, et en est une copie conforme, en moins bien préservé. Bon bien sûr, pour le néophyte de l’hindouisme que je suis, je ne vois pas de différence, mais dans le détail, les petites statues ne représentent pas les mêmes divinités, ou pas la même incarnation, enfin des subtilités quoi.
Attention visiteur, si tu viens passer la nuit a Bodnath (ce que je recommande, bien qu’il faille se coucher tôt, réveil de 5h oblige), réserve ! Ou il risque de t’arriver des bricoles. J’ai eu du pot en prenant la dernière chambre de dispo après 3 tentatives seulement, mais j’en connais qui ont eu moins de chance…

Un dernier mot sur le touriste de Bodnath. On est loin du trekkeur lambda qui s’en va dans sa montagne. Là tout est de sarouel, dreads, bandeau, cheveux trop longs, chemises trop grandes qui pendouillent. Bref, du hippie 2000. Pas du tout mon style. A part la barbe. Qu’il me tarde de couper d’ailleurs.

Vallée de Katmandou - Temple de Gokarna Mahadev
Vallée de Katmandou – Temple de Gokarna Mahadev

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  • Post last modified:23 février 2019

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