Mendoza


La Napa Valley d’Argentine, Eldorado des amateurs de vins, des vignes à perte de vue dans domaines séculaires avec pour horizon les cimes enneigées des Andes et des millésimes rivalisant avec les meilleurs Bordeaux. Sur le papier Mendoza à de quoi séduire, bien sûr si on aime le vin. Et bien, sur le papier seulement car après quelques jours dans la région, il y a plus de frustration que de plaisir. Explications.

Les premiers domaines viticoles se sont installés à Maipu et Coquimbinto, il y a 150 ans. Les bodegas Trapiche, Lopez, Zuccardi, Rutini / La Rural, Di Tomassi, toutes très connues, produisent du vin en quantité et de qualité industrielle. Les bouteilles « Premium » démarrent à 70€, en dessous c’est du vin de supermarché. Buvable, mais pas ce qu’on attend lorsqu’on entre dans un domaine riche de cépages cultivés depuis plus d’une centaine d’années. Et bien que certains domaines soient reconvertis en musée de la viticulture, les visites sont expédiées en 10 minutes, et on y apprend guère plus que ce n’est pas la couleur du raisin qui donne la couleur au vin mais la macération de sa peau.

Aujourd’hui ces domaines font parties de la banlieue de Mendoza. Banlieue, au sens propre du terme : gangs, police aux aguets, NoGoZones. Pratique cependant, car on peut facilement rejoindre ces villages en bus (172 et 173 depuis le terminal de bus), et la ballade en vélo à travers les vignobles avec pour toile de fond la majesté des Andes toutes proches, est plutôt agréable, si l’on fait exception de la chaleur écrasante en cette saison. En une journée et en se débrouillant bien (= penser à prendre rendez-vous), on peut faire le tour de 3 voire 4 bodegas dans la journée. A défaut d’avoir la qualité, on a déjà la quantité.

Pourtant, c’est à peine plus compliqué de rejoindre Lujan de Cujo (bus 19, Grupo 1). Et il suffit de pénétrer dans un domaine (nous nous sommes rendus à Alta Vista), pour s’apercevoir qu’on a changé de braquet. Certes, le vin n’est toujours pas produit directement dans le domaine, comme à Maipu, mais dans la vallée d’Uco, où le terrain est plus abordable. Mais le domaine lui-même respire le haut de gamme : décor, caves, jardins, vignoble, tout est parfaitement entretenu et présenté avec goût. Enfin la dégustation. Sans être exceptionnelle, les vins que l’on nous sert sont bons, et ont chacun une particularité intéressante : mélange de malbec de plusieurs années différentes, un cépage spécifique du pays (torrentes) ou même parfois un vin d’exception. Alors certes, le vin est plus cher (les bouteilles correctes commencent à 30€, et montent jusqu’à 300€ pour le meilleur cru, qui malheureusement est loin de valoir son prix), mais on a enfin l’impression de nous présenter le fruit d’un travail abouti plutôt que des hectolitres de piquette.

Alta vista wines, Lujan de cujo, Mendoza
Pique Nique champêtre dan les jardins verdoyants du domaine Alta Vista, avec un verre de torrontes
Alta vista wines, Lujan de cujo, Mendoza
Cuves haut de gamme du plus haut cru Alta Vista

 


Vignobles


Plus loin, en vallée d’Uco, c’est le paradis, mais inaccessible si l’on ne possède pas un véhicule personnel, que personnellement je conseillerai de louer pour profiter véritablement des trésors de la région : Terrazas de Los Andes, Zapata, Nieto Seteniter, Benegas Lynch, Andeluna, Salentein,…

L’Argentine a mis en valeur un cépage spécifique, le malbec, qui, chez nous, se retrouve dans les vins du sud ouest, notamment le Cahors. Il produit un vin fruité, assez fort mais plutôt accessible, notamment en accompagnement d’une parillada. Le malbec argentin reste agréable au palais mais il ne développe pas de longueur en bouche. Même s’il faut avouer qu’il est tout de même meilleur que le Cahors, c’est un vin qui ne vieillit pas, et donc ne se complexifie pas avec l’âge. Alors même si la découverte gustative est intéressante, 30€ pour un Cahors argentin, ça fait assez cher.

Autre spécificité, la rareté des assemblages. Alors qu’aucun Bordeaux de qualité n’oserait se présenter sans un savant mélange de merlot et de cabernet (franc plutôt que sauvignon), ici les assemblages sont plus discrets, et parfois originaux, tels Malbec-Cabernet ou avec plus de 10% de petit Verdot, un cépage très fort, difficile à cultiver car à maturation très tardive, mais qui ajoute une belle complexité dans des vins de gardes (un Château Margaux, par exemple, contient du petit Verdot à hauteur de 3%). Ces assemblages, encore au stade de l’élaboration en laboratoire, sont évidemment vendus encore plus cher, aux environs de 50€.

Enfin, le vin blanc produit à partir du cépage torrontes est un vin très agréable, sec et minéral, avec des notes d’agrumes, qui se consomme frais et assez jeune pour profiter de ses arômes fruités. Les autres vins produits à partir de cépages blancs, sauvignon et chardonnay, restent assez classiques.

Enfin, la région de Mendoza produit de l’huile d’olive et du vinaigre balsamique d’excellente qualité, dont les domaines valent le coup d’œil (domaine Laur, à Maipu, par exemple).

La Rural, Cabernet sauvignon, Maipu, Mendoza
Le cépage Cabernet Sauvignon, la Rural

Tous mes articles sur l’Argentine : Terre de Treks – Argentine

La Bodega Alta Vista, Lujan de Cujo, Mendoza : https://www.altavistawines.com/fr/

La Bodega La Rural, Maipu, Mendoza : https://bodegalarural.com.ar/home/

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post last modified:4 mars 2019

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