La Carretera Austral en Van
Voyager en van, la liberté de se poser où l’on veut, d’admirer le paysage autant qu’on le souhaite, emprunter les itinéraires qui nous chante… Cela faisait longtemps que ça nous trottait en tête. Et quel endroit s’y prête mieux que la Patagonie et ses grands espaces ? Mais ce n’était pas les routes bitumées et infinies de l’Argentine qui nous intéressait : ce qui nous attirait vraiment, c’était la Carretera Austral, cette route construite il y a seulement 20 ans, qui traverse les fjords et les forêts protégées du Chili. Au bout, il n’y a que le bleu de l’océan infini et des villages de pêcheurs sur pilotis.
Puerto Varas. On récupère un van aux couleurs de King Crimson. Un album culte, pour un voyage qui s’annonce tout aussi culte.
Objectif : Ushuaia.
Allez, on vous emmène.
Sommaire
Sur la Carretera Austral
Mardi 7 décembre. Le ciel est gris. Une petite bruine fraîche arrose les pâturages et de sombres forêts. C’est la fin du printemps. Les maisons en bois de style chilote et les inscriptions en espagnol sont presque les seuls éléments qui nous permettent de dire que nous ne sommes pas en Normandie.
Car nous sommes bien en Patagonie chilienne, terre vierge de colons il y a un siècle.
Demain, nous partirons vers le Sud, parcourir les 1300 kms de la Carretera austral, jusqu’à son point le plus méridional, où les glaciers se jettent dans la mer. Puis nous traverserons les Andes quelque part pour rejoindre l’Argentine et la mythique Ruta 40.
Ce sera encore 1500 kms vers le Sud pour rejoindre Punta Arenas et la pointe du continent, avant de terminer notre route à Ushuaïa, au bout du monde.
Puerto Varas - Puelo
Van spot : rive du lac Tagua Tagua
114 km de route – 60 km de piste
Entre les fjords à l’eau cristalline et les volcans enneigés, dont l’emblématique volcan Osorno, la route, encore majoritairement asphaltée, traverse des fôrets primitives aux essences séculaires et de vertes prairies occupées par quelques brebis.
Les villages en bois de Puelo et de Cochamo rappellent l’influence architecturale de l’île de Chiloe toute proche. Déjà, les paysages scéniques sont à couper le souffle. Nous avons à peine fait queques kilomètres sur la Carretera Austral, mais on ressent déjà une atmosphère de « bout du monde ».
Nous établissons le premier camp sur la rive du lac Tagua Tagua, en pleine nature.
Lac Tagua Tagua - Chaiten
Van spot : Camp Lago Blanco
49 km de route – 110 km de piste
Au dessus des volcans aux cimes enneigés, le ciel semble d’un bleu plus profond, plus pur.
Nous croisons quelques villages loin de tout, qui nous font l’impression d’une vie au ralenti, dans l’attente d’un tourisme qui tarde à venir et dune pêche à la truite déclinante.
Après quelques heures à longer les fjords, nous atteignons Hornopiren où nous embarquons pour 4h30 de ferry. De l’autre côté, tandis que nous traversons le Parque Pumalin, la piste remplace l’asphalte.
Des lacs sombres et miroitants aux rivages fangeux se devinent au travers de la forêt humide. En fond sonore, pas un bruit, mais une mélodie naturelle, de tonalités d’oiseaux, d’insectes, de batraciens et de quelques mammifères non identifiés.
Le village de Chaitén, dramatiquement coupé en deux par des coulées pyroclastiques consécutives à l’éruption du volcan Chaitén en 2008, garde encore les stigmates d’une renaissance fragile.
Nous continuons, jusqu’à poser le van en pleine nature, près du Lago Blanco (qui n’est pas blanc du tout), dans une végétation inquiétante de foisonnement.
L’atmosphère est claire, mais nous sommes incapable de savoir si nous nous trouvons en pleine forêt ou en bord de mer.
Chaiten - Puyuhuapi
Van spot : Parque Queulat
170 km de route – 40 km de piste
Quasiment toute la région que nous traversons a été convertie en parcs naturels : Pumalin, Corcovado, Queulat…
Nous nous arrêtons aux Thermes de Ventisquero. Au creux du fjord, de petits bassins en pierre délivrent une eau à 40°C .
Nous arrivons au Parque Queulat. Il pleut en continue.
Il pleut ici 4000 mm de pluie par an, soit 4 fois plus qu’à Paris, autant dire toute l’année, en continu. Nous n’avons jamais rien vu de pareil.
La forêt est tellement luxuriante que l’on se croirait au cœur de la jungle, mais en froid. Tout est exagéré : les végétaux poussent en symbiose, la mousse recouvre les arbres, des lianes immenses aussi large que les arbres tombent, et les fougères hautes de 3 mètres semblent tout droit sorties de la Préhistoire. L’odeur d’humus et le bruits des oiseaux emplit les sens. Les ruisseaux aux eaux tumultueuses sont d’une couleur turquoise fascinante.
La végétation est tellement dense et impénétrable qu’il est impossible de randonner dans la forêt, à l’exception d’un unique sentier. Un point de vue sur un lieu magique : le Ventisquero Colgante. Un glacier perché à hauteur de forêt…
Puyuhuapi - Coyhaique
Van spot : Camping Alborada, Coyhaique
140 km de route – 60 km de piste
La forêt luxuriante du parc Queulat a fait place à des prairies, bordées par des bosquets de ñire et de coigue, arbres endémiques de Patagonie. Des prairies jonchées d’énormes troncs d’arbre pourrissants, comme si tous ces arbres avaient été coupés puis laissés à l’abandon. Triste spectacle.
La route file vers le Sud, le paysage s’ouvrant sur de larges vallées verdoyantes.
Enfin, la Patagonie telle qu’on l’imagine, la vue s’échappant dans l’immensité, des cours d’eau cristallins jusqu’aux pics enneigés.
A Villa Mañihuales, petit village cerné par des falaises majestueuses, il y a de l’animation. De petits groupes de cavaliers en tenue se rapprochent d’une arène cerclée de bois. C’est une arène de rodéo.
A l’intérieur, les cavaliers, des gauchos, s’affrontent dans un duel de maîtrise de capture de veau, uniquement à l’aide de leur voix et de la direction de leur monture.
Ancestral, le rodéo patagonien est un spectacle saisissant d’authenticité, où les chevaux sont aussi beaux que leurs cavaliers en tenue traditionnelle.
Quelques heures de plus, nous arrivons enfin à Coyhaique, la plus grande ville de la Carretera Austral, et hub majeur la région d’Aysen.
Une vraie ville. Plus rien à voir avec les petits villages que nous avons traversés. Et pourtant, malgré le free wifi sur la place principale, l’atmosphère de bout du monde est bien présente.
Coyhaique - Villa Cerro Castillo
Van spot : près du Rustika Patagonie, Villa Cerro Castillo
28 km de route – 70 km de piste
Nous quittons Coyhaique sous la pluie, pour continuer toujours vers le Sud. Les pics sombres et acérés dominent la vallée du Cerro Castillo.
On se croirait en pleine montagne, loin des vaux et de la civilisation moderne.
Le village de Villa Cerro Castillo, tout en bois, dégage une atmosphère de village-refuge. Magique.
Nous installons le van dans un champs de lupins, aux pieds du Cerro Castillo, qui sort enfin des nuages.
Villa Cerro Castillo - Puerto Rio Tranquillo
Van spot : Camping Pudu
227 km de piste
Fin de la route asphaltée. A partir de maintenant, ce ne sera plus que de la piste.
On continue de longer le Rio Ibanez, aujourd’hui sous de belles éclaircies. Les aubépines en fleurs ont remplacé les champs de lupin.
Les paysages que nous traversons n’ont été que très peu modifiés par l’homme. Les indiens mapuche occupaient encore ces vallées il y a 50 ans. Les rares traces de civilisation, outre la piste, sont de petites estancia isolées au milieu d’une prairie.
Chaque jour est un nouveau spectacle de couleurs. Rivières et lacs se déclinent en nuances de turquoise, les collines en nuances de vert au gré des essences d’arbres et les sommets sont recouverts de neige.
Enfin, le Lago General Carrera, plus grand lac du Chili. Nous empruntons alors la piste jusqu’au glacier Exploradores, le plus septentrional du Campo de Hielo Norte, qui s’étend au pied du Monte San Valentin, le plus haut sommet de Patagonie.
Au bout de la route, de petites embarcations emmènent les voyageurs au pied du glacier San Rafael, qui se jette dans la mer.
Puerto Rio Tranquillo - Cochrane
Van spot : nature, camping Araucaria
114 km de piste
Sur les rives du lac General Carrera, on embarque sur de petites barques pour atteindre les Capillas et Catedrals de Marmol, des cavernes de marbre qui se reflètent dans l’eau turquoise du lac. Un spectacle sublime et envoûtant.
On continue ensuite notre route dans les gorges du Rio Baker, le fleuve le plus puissant de Patagonie, réputé pour ses descentes en rafting titanesque.
La couleur du Rio Baker est d’un bleu turquoise intense, tel un lagon tropical.
Il commence à faire plus frais et la steppe a remplacé la forêt. Au loin, on perçoit les immenses champs de glace, des glaciers qui se perdent dasn l’infini. On arrive à Cochrane, la dernière ville de la Patagonie chilienne, avant de continuer notre route vers le Sud.
Après un peu de recherche, on fini par trouver un spot parfait pour poser le van en pleine nature. Pour notre plus grand plaisir.
Cochrane - Tortel
Van spot : nature, rive du Rio Baker
124 kms de piste
On roule vers l’ouest, direction Tortel, un petit village aux pieds d’un fjord. Une zone habitable épargnée par les glaces, qui nous cernent maintenant au Nord et au Sud. Les paysages sont devenus montagneux, rocheux, froids, presque hostiles.
Un vent glacé, suffisamment fort pour arracher la portière si on ne la retient pas, souffle presque en continu. Les arbres sont recouverts d’un lichen fangeux qui leur donne un aspect fantomatique, voire ectoplasmique.
Au bout de la route, Caleta Tortel. Un village comme nous n’en n’avons jamais connu de tel. Il n’y a pas de route à Tortel, pas plus que de chemins. Tout le village est sur pilotis, et des passerelles en bois relie entre elles les différentes maisons et les quelques commerces.
Le village fut construit par les indiens Alacalufes (ou Kawésqars), dont l’héritage culturel est encore très fort bien que la population ait pratiquement disparue. Peuple nomade de chasseurs-cueilleurs, comme les Yamanas de Terre de feu, les Kawesqars ont été décimé par la maladie et les mauvais traitements des explorateurs successifs. En 1930, il ne restait plus que 200 Kawesqar.
Les premiers colons ne sont arrivés à Tortel qu’en 1955, qui est depuis relié au monde par la Carretera austral depuis… 2003 !
Tortel - Valle Chacabuco (Parque Patagonia)
Van spot : Parque Patagonia
177 km de piste
Dernier jour sur la Carretera austral. Techniquement, la route se termine à Villa O’Higgins, quelques 200 kms plus au sud. Mais il nous faut traverser quelque part pour rejoindre l’Argentine.
Nous remontons alors jusqu’à Cochrane, puis bifurquons à l’Est pour tenter un passage au niveau du Parque Patagonia le point de passage le plus méridional.
Mais le Parque Patagonia n’est encore qu’un parc naturel en devenir. Magnat des affaires américain, fondateur de The North Face, Patagonia et Esprit, Douglas Tompkins a réinvesti dans les grands espaces naturels de Patagonie afin de garantir leurs protection.
La région est brute, une lande balayée par les vents et une pluie battante. C’est une terre que les humains n’ont pas transformé et donc le territoire des animaux sauvages qui y évoluent en liberté : guanacos, renards gris, rapaces, et l’emblématique Huémul, une sorte de renne, symbole de la Patagonie.
Au bout de la piste rocailleuse, un poste frontière totalement isolé, Paso Roballos.
Demain, nous serons en Argentine, pour une nouvelle aventure de l’autre côté des Andes…
Louer un van en Patagonie
Traverser la Patagonie en van est une excellente expérience. Il est possible de s’arrêter à peu près n’importe où et il existe des camping plus ou moins aménagés aussi bien côté argentin que chilien.
Néanmoins, le budget reste élevé et n’autorise pas tellement d’excentricité de parcours.
Louer un van au Chili ou en Argentine ?
Il n’y a aucune hésitation à avoir : la location de véhicule en Argentine va vous revenir beaucoup plus cher qu’au Chili, quel que soit le type de véhicule.
Pour un véhicule de gamme et d’équipement comparable, cela reviendra environ 2 fois plus cher en Argentine qu’au Chili.
Où louer un van au Chili ?
A Puerto Montt :
- Soul Vans propose des van 2 & 3 places, ainsi que des pickup aménagés.
A Puerto Varas :
- Wicked Campers proposent toutes une gamme de véhicules aménagés : 4×4, van 2 & 3 places et pickup.
- Condor Campers possèdent 2 types de véhicules, van 3 places et 4×4
A Punta Arenas :
- Soulvans, Wicked Campers et Condor Campers sont représentés
Il n’y a pas d’agence à Puerto Natales.
Toutes les locations peuvent être réalisées dans les 2 sens.
Quelle est la meilleure agence de location de van en Patagonie ?
Les 3 agences implantées en Patagonie chilienne se valent. Soul Vans est un peut moins cher, Wicked Campers possède le parc le plus large, aussi bien en gamme qu’en quantité de véhicules. Dans tous les cas, si vous partez en haute saison, étant donné le succès de ce type de location, nous vous conseillons vivement de vous y prendre à l’avance.
Pour 2 personnes, on trouve :
- des vans Chevrolet N300 chez Wicked Campers et Soul van
- Des 4×4 avec tente sur le toit chez Condor Campers et Wicked Campers
- Des pickup aménagés chez Soul Vans (Motorhome)
- Le mythique van Mitsubishi L300 chez Condor Campers, Soul Vans et Wicked Campers
Quel budget pour un van en Patagonie ?
Pour calculer et comparer le budget de location de van en Patagonie, il faut additionner les coûts suivants :
- Location du véhicule nu
- Assurances dommage au véhicule
- Taxe de trajet dans 1 seul sens (one-way fee)
- Documents pour rouler en Argentine
- Les taxes administratives
- Kilométrage autorisé et prix du supplément
Et le coût comparé de ce que cela aurait coûté dans les autres agences de location.
Wicked Campers | Soul Vans | Condor Campers | |
Prix par jour | 48.056 $CLP | 43.000 $CLP | 74.000 $CLP |
Assurance dommage (par jour) | 9.500$ CLP | 5.000 $CLP | inclus |
Documents pour rouler en Argentine (15-30 jours) | 95.000 $CLP | 120.000 $CLP | 140.000 $CLP |
Taxe de trajet dans 1 seul sens (one-way fee) | 320.900 $CLP | 190.000 $CLP | 700.000 $CLP |
Taxes administratives | 4% | 4% | inclus |
Kilométrage et coût par km supplémentaire | 250 km/j, 135 $CLP/km | 250 km/j, 130 $CLP/km | illimité |
Total : | 1.340.347 $CLP (1476€) | 1.121.120 $CLP (1234€) | 2.024.000 $CLP (2228€) |
Articles qui pourraient vous intéresser :