C’est mon second voyage en Corée. La dernière fois, c’était il y a 10 ans. Mon ami arrivait dans ce pays et découvrait sa culture pratiquement en même temps que moi. Là, c’est différent : il parle coréen (ou presque), il mange coréen, et il est marié à une Coréenne. Bref, il est aguerri. C’était l’occasion de partir pour un gros road trip , de Jeju à Séoul.

Objectif de ce voyage : dénicher l’authenticité. Traditions, sites historiques, parcs naturels, cafés branchés, restos populaires… Tous ces lieux où l’on comprend et où l’on vit la Corée d’hier et d’aujourd’hui. Ce sont ces endroits que je veux vous faire découvrir à mon tour, parce qu’ils vont vous raconter la vraie Corée, un pays à la culture fascinante aux antipodes de la nôtre, qui évolue dans le paradoxe d’un quotidien ultramoderne et d’un héritage de traditions ancestrales

Première étape : Jeju.


Jeju est une île volcanique tropicale au sud de la Corée, à peu près de la taille de la Corse. Lieu de villégiature préféré des coréens, elle est considérée comme une île de rêve et de luxe, le lieu idéal pour une lune de miel. En gros, le paradis. Sauf que depuis 2008, elle est ouverte à la clientèle chinoise, et que cette clientèle y débarque chaque été en masse. Par millions.

Conséquence : l’entertainment. Les Coréens, comme les Chinois, ne sortent pas de chez eux pour rien. Pas question d’aller se faire une balade en forêt. On va au parc forêt, puis manger une glace, puis on achète un badge « Parc forêt » dans la boutique du parc. On trouve alors des dizaines de parcs à thèmes les plus insolites qui soient, des dinosaures aux cactus, en passant par les coquillages, la mythologie grecque et Hello Kitty. Mais ce n’est pas ce qui est à retenir. Car si l’île est classée Patrimoine Mondial sur la liste de l’UNESCO, c’est pour son complexe de tunnels de lave, le plus grand et le plus beau du monde, et plus récemment, pour la tradition des Haenyo, les plongeuses en apnées.

Parlons d’abord un peu du volcan.

Jeju Cheonjiyeon
Jeuju, Cascade Cheonjiyeon

Jeju, Manjjang Gul


L’île de Jeju n’est qu’un seul gros volcan. Un volcanisme complexe qui a donné forme à de remarquables structures, visibles un peu partout sur l’île, de cascades qui se jettent dans la mer aux sentiers littoraux et pitons rocheux scéniques. Après en avoir fait le tour, 3 sites sont vraiment à ne pas manquer : Manjjang Gul, Hallasan et Seongsan Ilchulbong.

Les tunnels de lave de Jeju sont un complexe qui s’étend sur plus de 40km, mais que l’on ne peut visiter qu’en partie seulement. Heureusement, le tunnel de Manjjang Gul, est le plus grand et le plus impressionnant d’entre eux. On progresse entre stalagmites aux reflets irisés et concrétions fantasmagoriques de lave refroidie, dans des couloirs de plus de 25m de haut !

Mais mais mais mais ? Est-ce votre soif de savoir que j’entends gémir du fond de votre gorge ?  Non ? Ce n’est pas grave, laissez-moi vous expliquez quand même.

Le volcanisme de Jeju a la particularité d’être issu d’un magmatisme intraplaque, c’est à dire de « point chaud« , sans relation avec les volcans de l’arc japonais, pourtant géographiquement proches. L’histoire de ce magmatisme a débuté il y a environ 1 800 000 ans, au Pléistocène inférieur et a connu 4 épisodes éruptifs différenciés. Les tunnels de laves se sont formés pendant la seconde phase, par un magma particulièrement riche en gaz. C’est la superposition de plusieurs coulées de lave successives qui a permis la construction de tunnels aussi gigantesques. La 4e et dernière phase a permis la formation de plusieurs centaines de cônes de scories, visibles dans le paysage, les oreum, dont la dernière éruption remonte à 1570.


Jeju, Parc du volcan Hallasan


Le point culminant de l’île est un volcan bouclier, le Mont Halla (1950m), aujourd’hui éteint. On peut atteindre son sommet, un cratère avec un petit lac, par deux sentiers de randonnées, assez longs mais plutôt agréables. Les Coréens étant de vrai fan de randonnées, même en vacances, il ne faut pas s’attendre à suivre son petit sentier en solitaire, mais l’abondante végétation donne un caractère suffisamment sauvage pour être dépaysant.

Accessible, même sans entraînement, il faut tout de même compter plus de 6h de marche AR pour au moins 1200m de dénivelé positif. Et prévoir de l’eau. Beaucoup d’eau. Le climat est tropical, il fait donc très chaud, même sous la canopée. Sur le sentier Seongpanak, le plus long, le plus facile, mais aussi le plus emprunté, il y a un refuge à environ 2/3 du parcours, qui sert des nouilles instantanées. L’autre sentier, Gwaneumsa, est plus raide et il n’y a rien d’ouvert. En été, les averses tropicales sont fréquentes, prévoir donc un poncho, au risque d’être trempé jusqu’aux os.

Sentier Seongpanak : à l’est du volcan. Altitude de départ : 750m, sommet : 1950m. Compter 6h30 de marche aller-retour (environ 19 km). Il y a une épicerie au niveau du parking, ainsi qu’un café.

Sentier Gwaneumsa : au nord du volcan. Altitude de départ : 620m, sommet : 1950m. Compter 6h de marche  aller-retour (environ 17 km). Il y a un camping en bas, mais pas d’épicerie.

Attention, il y a un check très strict aux refuges (respectivement Jindallaebat sur le sentier Seongpanak et Samgakbong sur le sentier Gwaneumsa), qui interdit les ascensions au sommet après 13h. Ces refuges s’atteignent en environ 2h, prévoir donc de démarrer les randonnées vraiment au plus tard vers 11h.

Jeju Hallsan trails
Hallasan trails

Jeju, Seongsan Ilchulbong


A l’extrémité orientale de l’île, subsiste une curiosité géologique : un cône de tuf érigé au bout d’une presqu’île. Formé il y a environ 5000 ans par un volcanisme hydromagmatique de type surtseyen, l’érosion a depuis joué son rôle de modeleur, et il en résulte aujourd’hui un cratère aux parois abruptes et découpées, abritant une faune et une flore particulière. La beauté saisissante du lieu au levé du soleil lui a donné le surnom de « Sunrise Peak »

Jeju, Seongsan Ilchulbong
Jeju, Seongsan Ilchulbong

Au pied du cône, un écosystème sous-marin particulièrement riche a permis le développement d’une pêche sous-marine traditionnelle, pratiquée aujourd’hui exclusivement par des femmes.


Les Haenyo de Jeju-do


« Haenyo » signifie littéralement « femme de la mer ». La tradition de la plongée à Jeju remonte à très très longtemps, mais ce n’est qu’à partir du 17e siècle que les femmes se sont substituées aux hommes, plus fragiles et moins nombreux à cause des ravages de guerres successives. Si la plongée à Jeju a perduré jusqu’à aujourd’hui, c’est par l’importante valeur marchande des prises des plongeuses rapportaient : crustacés, ormeaux, holothuries, oursins, poulpes, poissons rares,…

Le développement de l’industrie halieutique dans les années 70 a cependant eu raison des traditions et de moins en moins de plongeuses sont formées chaque année, un métier trop difficile (la formation complète dure 7 ans) et trop misérable pour être en accord avec les attentes de la jeunesse coréenne d’aujourd’hui. A quelques exceptions près, les Haenyo sont aujourd’hui toutes âgées de plus de 50 ans, ce qui leur a valu le surnom de « Granny of the Sea« ,

Jeju, Haenyo


Quelques adresses à Jeju :

Il y a 2 grandes villes sur Jejudo, Jeju City, au Nord et Soegwipo au Sud. Soegwipo est considérée comme une ville balnéaire et on y trouve nombre d’hôtels et de restaurants.

Si les plats sont a peu près équivalents au reste de la Corée, il y a une spécialité à ne pas manquer : le porc noir de Jeju. Un peu plus cher que le porc normal, mais aussi plus savoureux, c’est dommage de passer à côté. Tous les Samgyopsal (barbecue coréen) en proposent, et il y a des Samgyopsal partout, car très populaires. Mais qu’est ce qu’un Samgyopsal au juste ?

Jeju, Sam gyospsal

En Corée, comme dans la plupart des cuisines asiatiques, les plats se partagent. On sert une myriade de légumes, pickles, sauces et petits accompagnements en tout genre sur la table et tout le monde se sert. Et quand les coréens veulent se faire un repas sympathique entre amis ou en famille, ils vont traditionnellement faire un barbecue de porc. Un serveur place méticuleusement de petits morceaux de ventre, de cou ou plus rarement d’échine sur une grille au centre de la table, qui va petit à petit brunir et dégager une bonne odeur de gras.
Comptez entre 13000 et 18000 W la portion (100g), et au moins 200-300g par personne.

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post last modified:6 décembre 2019

Cet article a 2 commentaires

  1. Alberto

    Envié… 😉

    1. Alberto

      Je voulais dire: « Envie »!

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