Fermez les yeux. La plage, une petite brise, quelques barques amarrées, une eau bleu profond, une odeur d’algues. Au loin, quelques collines, et des étendues de roseaux. On se croirait en bord de mer. Et pourtant, nous sommes sur les rives du lac Titicaca, à Llachon. 3860m.
Des cholitas portent leurs baluchons aux couleurs chatoyantes en hélant leurs petits troupeaux hétéroclites tandis qu’un vieil homme retourne son champ avec un outil antique. Au minuscule embarcadère, un jeune indien débarque un couple de touristes de son canot. Le ciel d’un bleu azur se reflète dans le lac tranquille. À nos oreilles, que des sons naturels, aucun véhicule ne vient troubler le calme et la sérénité de cet écosystème. Le lac Titicaca est un lieu magique.
Llachon
Loin du tumulte, de la poussière et du chaos de Puno, Llachon est un havre de paix, encore préservé du tourisme de masse. Pour atteindre ce petit coin de paradis, nous prenons un premier colectivo, qui nous amène à Capachica, puis un second pour Llachon. Dans le village, pas âme qui vive, ni même de quoi se loger. On repère un petit panneau « Chez Valentin » sur la route, on tente. Charmant accueil, chambre mignonnette, vue magnifique sur le lac en contrebas. On reste pour la nuit. La ballade, qui suit petit chemin balisé traverse la presqu’île jusqu’à atteindre un petit site précolombien, est sympathique.
Le lendemain matin, on réquisitionne une barque pour les îles flottantes d’Uros, l’attraction du lac. De Llachon, ce sont les îles Uros Titino, bien moins fréquentées et plus authentiques que leurs homologues de Puno.
Uros Titino
Arrivés sur l’île, un habitant nous explique comment ces îles flottantes flottent (c’est vrai ça, comment ?) : des racines de roseau (totora) pour les flotteurs, puis des couches de roseaux superposées. Une ancre, et ça tient. 30 ans. L’île serait habitée par 3 familles dans 4 maisons riquiqui dont chacune à une utilité (dortoir, cuisine,…). Ils tirent leurs revenus uniquement du tourisme (nous), et des échanges avec la ville (œufs, truites).
On nous donne quartier libre pour visiter l’île (vite fait), puis un petit tour, payant, en « Mercedes« , une grande barque en roseau. Ballade romantique au rythme du bateleur, qui en profite pour nous faire goûter le totora. Croquant, insipide, mais pas dégueu.
Avant de partir, on succombe à ramener un petit souvenir, mi-parce que c’est mignon, mi-par bonne conscience (on trouve les mêmes en pagaille en ville à moitié prix).
On dit au revoir à toute la petite famille, puis retour en barque, colectivo, colectivo. Arrivée dans la jungle urbaine de Puno, il est 17h. Et c’est la fête.
Puno
La fête de Puno, qui se déroule les 5 et 6 novembre, c’est un peu le carnaval. De petits groupe aux costumes absolument incroyables défilent les uns après les autres, suivis de danseurs à clochettes, et d’une fanfare. Démons, anges, satyres, vierges, princes et mêmes cholitas dansent dans les rues, selon une chorégraphie bien rodée, et plus ou moins dans le rythme imposé par la fanfare, devant les yeux mi-admiratifs mi-amusés de la population et de quelques touristes.
Dernière soirée au Pérou, avant de rejoindre la Bolivie. Fini les ceviches, le bon rhum et les gens adorables. Bonjour les saltenas, les beaux tissus et les heures passées aux toilettes (résumé facile).
Copacabana
Formalités franchies (il faut descendre du bus, faire la queue à l’immigration péruvienne, puis même chose à la frontière bolivienne, une bonne heure), on arrive à Copacabana, petite cité balnéaire réputée dans tout le pays pour… ses baptêmes de voitures. Nous prenons un billet pour la Isla Del Sol, découvrir l’autre Titicaca.
Isla Del Sol
Deux heures à 30 touristes dans une coque de noix sont nécessaire pour rejoindre le village du nord de l’Isla del Sol, Challapampa. On attrape deux très beaux sandwich poulet-avocat, et on entame la traversée de l’île. A peine sorti du village, premier péage (15 bols chacun). Bon.
La beauté du paysage, terre aride et eau d’un bleu turquoise transparent, qui n’est pas sans rappeler la corse, est exceptionnelle. A la pointe nord de l’île, un temple en ruine envahi de touristes et une roche sacrée.
On s’engage alors sur le sentier des crêtes, avec une vue incroyable sur le lac. Pour cause, pas un arbre, pas même un arbuste. Il fait chaud, très chaud, malgré l’altitude (3860m). En même temps, on est sur l’Isla del Sol, what did you expect ?
Quelques minutes plus tard, second péage (15 bols /pers.), pour le centre de l’île. Ah bon ?
Patchwork de couleurs, rouge, blanc, vert, violet, les terres désolées de l’île laissent à découvert des strates bariolées, mélange singulier de roches de diverses origines.
Il nous faudra environ 4h, pauses (crème, sandwich, péage, photos) comprises, pour rejoindre Yumani, le petit village du Sud de l’île, et enfin payer un ultime péage (et allez encore 10 bols). Nos yeux brulés par le soleil cherchent désespérément une touche d’authenticité. En vain, ce n’est que hotels, cafés et restos pour touristes.
Retour sur une coque de noix en au moins aussi mauvais état qu’à l’aller. Le crépuscule nous fait l’honneur d’un inoubliable coucher de soleil sur le lac Titicaca. C’est l’occasion pour nous de foncer ensuite sur la capitale, La Paz.
Bonjour,
Super, merci pour votre retour qui donne envie 🙂 Nous serons dans le coin en septembre 2019. Comment faire pour dormir chez l’habitant? suffit t’il de venir à Llachon et de chercher directement sur place ou est-ce plus judicieux de réserver? et dans ce cas où trouver les contacts?
Merci de votre réponse.
Angélique
Bonjour Angélique,
A vrai dire, il n’y a pas foule à Llachon !
Confiants, nous sommes allé directement sur place, sans réserver quoi que ce soit, mais il est tout à fait possible de réserver.
Nous étions à la Casa de Valentin, et il n’y avait que nous. On a un peu chercher comment atteindre les maisons d’hôtes.
La Casa de Valentin est réservable directement via Booking : https://www.booking.com/hotel/pe/quot-casa-de-valentin-quot.fr.html
Je me souviens que c’est un peu long pour arriver à Llachon, il faut prendre plusieurs minibus qui ne partent que lorsqu’ils sont pleins et cela peut prendre un peu de temps, mais c’est l’aventure !
Si votre voyage est bien calé, et que votre temps est compté, alors je vous conseille de réserver, ça évite le stress de chercher. Si c’est encore flou, vous verrez bien sur place.
Bon voyage !