Le trek W en Quatre jours

Aucune réservation. Mais il était trop tard pour renoncer. Nous avons tenté, rusé, pesté, espéré, et nous sommes allé au bout. Au bout de ce trek W en 4 jours, alors que le pari n’était pas du tout gagné d’avance (comme nous te le racontons ici !).

 Voici l’histoire de ce périple, qui aurait pu s’arrêter avant même d’avoir commencé. Un trek W en 4 jours épiques, qui nous a amené au cœur de paysages parmi les plus époustouflants de la planète.

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Sommaire

Trek W en 4 jours - Jour 1: Torres - Torres

6h00  +810m -310m

9h. Le bus nous dépose à l’entrée du parc. Avec une dizaine d’autres bus. Nous sommes en pleine saison, et visiblement, nous ne sommes pas seuls.

Une queue interminable s’est formée devant l’entrée, et bien sûr nous sommes à la fin de cette queue. On ne le sait pas encore, mais cette position a joué en notre faveur…

1h30 plus tard, on arrive enfin à l’entrée. Un panneau rappelle que si l’on n’a pas de réservation, on ne peut pas faire le trek du W. On ne peut pas ou c’est interdit ? Nuance.

Parce que ce qui est vraiment interdit, c’est de dormir en dehors des aires de campings. On part donc confiant sans se poser trop de questions.

terre de treksS’en suit un obscur formulaire, sur lequel on doit indiquer tout un tas d’informations sur notre parcours, là où l’on a prévu de dormir, etc… Comme on ne sait pas, on ne met rien.

On tend notre papier, et sans aucune question, on récupère notre billet d’entrée, en échange bien sûr de 21.000 chilenos chacun.

A ce moment là, en théorie, on peut prendre le chemin que l’on veut et rester aussi longtemps qu’on veut dans le parc. Nous n’avons signé aucun engagement.

Bref la liberté.

Initialement, il était prévu de réaliser ce trek W en 4 jours en partant de l’ouest, c’est à dire par le Lago Grey.Mais quelqu’un nous avait dit : « Soyez souple, et s’il fait beau, partez directement sur le mirador, c’est une occasion qui ne se reproduira peut-être pas ».

Il fait un temps parfait, avec juste quelques nuages. Il est 10h, on a, en théorie, le temps. On file droit sur le mirador

On suit la piste pendant presque une heure pour rejoindre le vrai départ du trek, juste après l’aire Las Torres. Pas un refuge, un hôtel, immense d’au moins 100 lits et 3 fois plus d’espaces pour les campeurs.

Il y a même un shop Patagonia aux tarifs prohibitifs, au cas où il nous manquerait une petite doudoune. On se croirait dans un parc d’attraction…

On contourne l’hôtel, et le sentier commence à grimper. La première partie de l’ascension est assez brutale, mais 1 heure après, le chemin pénètre dans une forêt de nire et la pente se radoucit. Nous arrivons au campement Chileno.

Un grand refuge, et des dizaines de tentes installées sur des plateformes en bois. Les prix sont évidemment bien abusés (comprenez équivalent à ceux des refuges des Alpes françaises).

Une pancarte nous indique que nous entrons dans le parc National. Le sentier continue en pente douce, et suit un balcon sur un flanc de vallée. Il nous faut une petite heure pour atteindre la garderia Las Torres, notre point de chute de ce soir.

N’ayant pas réservé, on décide de ne pas s’arrêter et de continuer avec nos gros sacs. Le mirador est droit devant, et on aperçoit déjà la crête des Torres…

Cette partie dans les éboulis est super raide, et il y a tellement de monde que l’on monte en file indienne. Il nous faudra tout de même 50 minutes pour atteindre le point de vue.

Et quel point de vue. Le spectacle est ahurissant. Les 3 Torres partiellement enneigés surplombent une lagune opaque. Les trois pics granitiques se dressent verticalement au dessus de nous et nous dépassent de plus de 1000m. Il est 15h, et aucun nuage ne vient perturber ce panorama.

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Vers 16h, le vent se lève, et il devient urgent de redescendre. En 30 min à peine, nous serons au campement. Le gardien du refuge nous demande d’emblée si nous avons une réservation : « Non ». 

Sourire, excuse. « Secret ». sourire. Ça passera pour cette nuit.

Le campement est rudimentaire : pas de douche, toilettes spartiates, un tuyau en guide d’eau courante, un mini-atelier en guide de cuisine. Mais en pleine forêt et loin d’être plein, contrairement à ce que nous avais indiqué le site de réservation. Comprendre : il y a de la marge.

Pour conclure cette merveilleuse journée, on pose le bivouac en pleine nature, et on profite du calme que nous offre la forêt, avant de préparer un repas de gourmet (knacki-pâtes).

Furtivement, à la tombée de la nuit, une renarde et ses deux petits renardeaux s’approchent des tentes, à la recherche de quelque nourriture facile. Protégés, il est évidemment absolument interdits de les nourrir mais quelque chose nous dit qu’ils ont du apprendre à se servir…

Trek W en 4 jours - Jour 2 : Torres - Italiano

9h30  +300m -700m

Minuit, la pluie qui commence à tomber me réveille.

Au petit matin, il pleut toujours. Les chaussures dehors ont un peu pris l’eau, à cause des éclaboussures de boue. On est en pleine forêt, et du coup, tout est un peu crado. On remballe sous la pluie, et on décolle . La journée est longue. Il est 8h. Objectif : atteindre et surtout dormir au Camp Italiano

Au fur et à mesure que l’on descend, le temps semble s’améliorer.

Vers 11h, on atteint la jonction Cuernos – Las Torres, et un premier point de vue sur le lac. On croise aussi quelques guanacos se promènent nonchalamment dans le parc. Les sommets sont toujours sous les nuages.

On progresse entre sentier boueux et brusques mais courtes ascensions. On profite d’une accalmie pour se poser sur un point de vue sur le lac et sortir la tente pour la faire sécher.

Le sentier sur les flancs des Cuernos semble interminable… Au bout de 4h, de marche sans pause et contre le vent, on atteint le refuge Cuernos Fantastico Sur. Un immense refuge, composé de jolies cabanes et une centaine d’emplacements sur plateforme et autour.

On se pose prendre un café. Angélique tente une douche furtive pendant que je fais le tour et glane toute sorte d’infos potentiellement utiles. Quand on a regardé juste avant de partir, il ne restait plus que des réservations en pension complète à 90US$ et aucune n’étaient disponible.

Dans les faits, non seulement on peut débarquer sans réservation, mais on peut également prendre juste un emplacement et pire, il reste de la place !

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On repart pour la dernière partie de journée, une nouvelle ascension après un passage magique sur une plage (!) de galets, et une vue incroyable sur la vallée Francés. La pluie a laissé place à un temps lourd et nuageux, mais la force des rayons d’un soleil pourtant discret nous rappelle que la couche d’ozone est fine ici.

On arrive à Francés, il est 18h30. On marche déjà depuis 9h, et on commence à fatiguer.

Ultime ascension et ultime effort, pour un nouveau point de vue sur le glacier Francés. C’est déjà le crépuscule, il faut se dépêcher. 19h, on arrive au campement Italiano. Ouf !

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Le garde nous annonce qu’il n’y a plus de place, qu’il ne prend que des réservations et que nous devons retourner à Francés, ce n’est qu’à 30min de marche ! C’est hors de question. Il appelle le camp, vérifie la place disponible, fait son vilain, et finalement, nous accorde l’entrée.

Evidemment, il y a largement de quoi poser la tente. On s’installe au bord de la rivière. Contrairement au précédent, on est cette fois bien entassé les uns sur les autres.

Le camp est plus moderne, mais guère adapté à autant de monde. On s’endort sur les merveilles de cette journée en se disant que le parcours de demain sera fonction … de la météo.

Trek W en 4 jours - Jour 3 : Italiano - Paine Grande

 7h30  +600m -750m

terre de treksLe matin, un soleil frileux tarde à s’installer. L’objectif aujourd’hui est de rejoindre Paine Grande, avec une petite ascension dans la vallée Francés, jusqu’au point de vue Britanico.

Sur le papier, on devrait pouvoir faire l’aller retour en 3h30, en laissant le sac au campement Italiano, parce que l’on y repasse au retour. Ça c’est la théorie. En pratique, il faudrait laisser le sac dans la tente, et par conséquent laisser la tente montée pour une nuit supplémentaire.

Et prendre le risque de ne pas relever le pari de faire ce ce trek W en 4 jours. Hors de question. On replie, on charge et on grimpe. Il recommence à pleuvoir.

La première partie de l’ascension est facile et en pleine nature. On arrive rapidement au point de vue du glacier Francès, qu’on devine à peine tellement les nuages sont bas. On hésite, on se regarde, puis on continue. Etant donné la météo, on pressent que la vue sur mirador sera … dans le brouillard.

terre de treksMonter là-haut coûte que coûte n’est pas dans notre façon de procéder. Le trek, c’est quand même d’abord du plaisir. D’accord, on peut en chier un peu, mais il faut tout de même une petite récompense…

9h30. Ca commence à tomber. Le sentier s’est infléchi. On est arrivé quelque part sans doute pas très loin du mirador, mais on ne voit rien à 10m. On décide alors de redescendre et de tenter notre chance plus loin des montagnes.

Evidemment, plus nous sommes près des montagnes, plus le temps est moche. A peine a-t-on retrouver le camp Italiano que le temps semble se lever, et l’espoir renaître !

Le sentier est plat et tranquille, entre lac et torrents. En pleine nature, sans personne autour. C’est exactement pour cela qu’on est venu. Puis soudain, il ne reste plus que des arbres, décharnés, brûlés. Une forêt d’argent, résultat de l’incendie de 2011.

Un tourisme irresponsable, et une catastrophe écologique. Dans cette zone où la nature fonctionne au ralenti, sa guérison est désespérément lente.

16h. Nous arrivons à Paine Grande. Un immense refuge, une fois n’est pas coutume, et une large aire de bivouac. Des douches apparemment chaudes, du service, un réfectoire, et des dizaines de tentes.

Plein. Full. Et non négociable. Bon. Juste en dehors de l’aire de camping, il y a une cabane de gardiens du parc. On va les voir, et après quelques minutes de discussion, ils nous proposent de poser la tente là. derrière la cabane.

Bien sûr, cela ne nous autorise pas à bénéficier des services du refuge, mais au moins, on a une place pour la nuit. En même temps la nuit, tous les trekkeurs sont gris…

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Trek W en 4 jours - Jour 3 : Italiano - Paine Grande

 7h30  +600m -750m

Pluie, une nouvelle fois ce matin. Nous partons en direction du refuge Grey, espérer un point de vue sur le glacier au loin, puis revenir ici à l’aire de refuge Paine Grande pour prendre le catamaran à 14h30 et conclure le trek W en 4 jours. Ce qui nous laisse 5h et un peu d’espoir pour atteindre le refuge.

Le sentier suit les flancs du Paine Grande, le mont, pas le refuge, puis rejoint le lac. Le glacier est encore loin, plusieurs kilomètres à vol d’oiseau. J’avais lu que le meilleur point de vue du glacier Grey se situe au-delà du refuge, sur le trek du O, et donc en dehors de notre circuit.

Mais bon, tentons. On progresse encore un peu au dessus du lac jusqu’à apercevoir le refuge, et derrière la végétation, l’ombre du glacier. Loin, encore trop loin.

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La météo empire, c’est maintenant pluie et petits grêlons en alternance. Pas la peine de s’infliger cela plus longtemps. On fait demi-tour, direction le catamaran.

14h15, On n’y est pas du tout, il va falloir se bouger !

14h28 Le catamaran est arrivé, on court sur les derniers mètres !

14h31. Ouf, il part avec nous dedans. Le soleil a eu la bonne idée de faire sa réapparition. C’est sous un ciel alors dégagé que l’on navigue sur le lac Pehoe  d’une couleur turquoise absolument sublime.

Entre faim et fatigue, nous contemplons presque sous hypnose le spectacle fascinant de cette traversée.

15h. Refuge Pudeto. Une buvette plutôt, qui ne sert plus que des sandwichs à cette-ci. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le camp Pehoe, un peu plus loin sur la piste. En réalité, à 7 kms !! Il nous faut presque 2h pour atteindre le site…

Mais quel site ! Le panorama sur toute la chaîne des Torres pratiquement dégagée est à couper le souffle! Et sans sortir de sa tente ! On monte le bivouac, et on pose les sacs, avant de grimper rapidement au mirador condor, situé juste au-dessus. Ce n’est pas la peine d’hésiter.

S’il y a un moment pour le faire, c’est maintenant. Demain il pleuvra peut-être, alors il faut en profiter tout de suite. Une règle d’or au Torres Del Paine.

Les derniers nuages se dispersent, pour conclure ce trek W en 4 jours sur un panorama inoubliable.

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Au final, même sans réservation et en pleine saison, nous serons parvenus à réaliser de bout en bout ce trek W en 4 jours et sans réservation. Alors certes,  il a fallu s’adapter un peu à ce que nous avions prévu au départ, mais c’est ce qui fait le charme de l’aventure.

Le panorama sur le Camping Pehoe aura surpassé tout ce que l’on aura connu sur ces 4 jours, pour un détour qui aura vraiment valu la peine.

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Trek du W - Ce qu'on a aimé

  • Il faudrait être difficile pour ne pas avoir été enchanté de marcher sur ce sentier mythique, au bord des lacs turquoise, aux pieds des majestueux Torres. La variété des paysages, la richesse de la faune (si on est chanceux) et les sommets spectaculaires font de ce trek grandiose un passage obligé pour les amoureux de randonnée et de grands espaces.
  • La gentillesse des gardiens, qui nous ont toujours trouvé une solution pour des petits malins comme nous.
  • Le camping Pehoe, absolument magique, qui nous a offert le plus beau panorama des Torres que l’on pouvait espérer.

Ce qu'on aurait pu faire mieux

  • Réserver bien sûr ! Chaque année, les conditions se durcissent, et je ne suis pas sur que l’on aurait pu réussir à réaliser le même parcours cette année.
  • Venir en dehors de l’été austral et de la haute saison. C’est tombé comme ça pendant notre voyage en Amérique latine, mais si on devait le refaire, on serait parti en mars / avril. Certes, il aurait fait sans doute un peu plus froid, mais les couleurs sont incroyables et il y a beaucoup moins de monde.
  • Faire un tour près des icebergs du célèbre glacier Grey
  • Continuer sur plusieurs jours, prendre le temps. Sans réservation, on avançait sur le sentier un peu à l’aveugle, sans savoir trop ce qui nous attendait le soir.
  • Les conditions météorologiques n’étaient pas au top, mais qu’est ce qu’on y peut ?

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