Rapa Nui.

C’est une terre mythique, perdue au milieu du bleu de l’océan.

Une île de mystères absolus, de peuples oubliés et de civilisations disparues.

C’était donc une étape obligatoire sur notre périple en Amérique du Sud. Hors budget certes, mais néanmoins indispensable.

Voici le récit, au fil de l’eau, de ces 4 jours hors du commun des mortels…


Ce que vous allez découvrir dans cet article :


Carte de Rapa Nui, l’île de Paques


Voici les 11 sites les plus spectaculaires de l’île.

  • 6 sites de moais debouts, car s’il y a des moais tout autour de l’île, il y en a peu qui sont aujourd’hui encore debouts.
  • 2 plages, Anakena et Ovahe. Il n’y a que 2 plages sur l’îles de Paques, et Anakena est la plus grande.
  • 3 sites culturels emblématiques. Orongo, sur le volcan Ranu Kau, où est né le mythe de l’homme oiseau (on en parle ici), Vinapu, un mur inca (on en parle ici), et Pu o Hiro, un site de pétroglyphes.

Rapa nui carte

terre de treks

L’avion atterrit. La température avoisine les 30°C.

Les larges flaques d’eau au sol semblent dire que le soleil, pourtant déjà brûlant, n’est sans doute pas là depuis bien longtemps.

Une légère fragrance d’embruns et de fleurs sauvages emplit les sens. Notre hôte nous attend à la sortie du petit aéroport.

Elle nous pose un collier de fleur exotiques autour du cou pour nous accueillir, l’air de dire « Bienvenue au Paradis ».

Hanga Roa, la « Grande Plage » en rapanui, la langue des habitants de Rapa Nui, est l’unique village de l’île.

Un village au caractère indéniablement polynésien : hibiscus, bananes, boue et maisons bricolées. Et le long de la côte déchiquetée, des moais.

Vestiges d’une époque aujourd’hui disparue, les gardiens séculaires veillent sur les habitants. Leurs visages de pierre façonnés par l’érosion nous regardent d’un air sévère mais bienveillant…

terre de treks

Rapa Nui – Rano Raraku et Ahu Tongariki

Sous un soleil aujourd’hui éclatant, nous partons rejoindre le site le plus emblématique de Rapa Nui, Rano Raraku.

Sur le sentier, nos yeux s’arrêtent sur un spectacle ahurissant : des dizaines de têtes en pierre, des moai, gigantesques, semblent surgir du sol et se dressent face à la mer.

Car Rano Raraku est une carrière, creusée sur les flancs d’un cratère volcanique, et le lieu de création de presque tous les moaï de l’île.

Mais pourquoi y a t-il encore tous les moaï ici ? Ils ne protègent aucun village, aucune habitation. Certainement parce qu’ils n’ont pas pu être acheminés jusqu’à leur destination finale, faute de rondin de bois pour les transporter.

En s’approchant, on s’aperçoit en réalité que les moaï ont un corps, mais qu’il est le plus souvent enfoui dans le sol.

Les premiers moaï ont les traits ronds, presque grassouillets, identiques aux tikis des îles marquises. Puis le style s’affirme, les traits s’allongent et les têtes s’agrandissent, comme tous les grands moaï que l’on voit sur l’île.

Des têtes à l’air dubitatif, songeur. On a presque l’impression ces têtes de 3 mètres regardent quelque chose. Des visiteurs venus d’un autre monde ?

Quelques uns sont toujours attachés à leur socle de pierre, comme si les sculpteurs n’avaient pas eu le temps de terminer leurs œuvres et les avaient abandonnés. Certains dépassent même 20 mètres, un travail titanesque mais inachevé…

rapa nui rano raraku

Au cœur du cratère, un étang bordé de roseaux. Un homme presque nu s’approche, et commence à surfer sur une pirogue. Rituel, tradition, entraînement ?

En fait, un peu les 3. Car c’est ici qu’à lieu tous les ans une des épreuves du festival de Tapati, le Ta’ua Rapa Nui. Un triathlon un peu spécial, qui consiste à traverser la lagune sur une barque de roseaux, à en faire le tour en courant, un régime de bananes sous chaque bras, puis une seconde fois sur les flanc de cratère, et enfin à retraverser le lac en surfant sur une pirogue. C’est du sérieux.

Au loin, on distingue une série de petites statues alignées…

C’est en se rapprochant que l’on s’aperçoit que ces statues sont immenses. Le plus grand autel de l’île, une stèle gigantestque, Ahu Tongariki. Onze moaï, haut chacun de plus de 5 mètres et parfaitement alignés, tournent le dos à la mer et regardent vers les étoiles, d’un air dubitatif. Aucun ne se ressemble, ni de taille, ni de visage.

terre de treks

Rapa Nui – Anakena et Ovahe

Anakena est la plus belle plage de l’île. Un rêve. Une plage de sable fin blanc corail devant une mer turquoise qui se perd vers l’horizon infini…

La douceur des alizés caresse le ciel azur, un soleil au zénith dore le sable brûlant. Nous sommes sous les tropiques.

Au pied de l’anse qui se termine en dunes sous les palmiers, Ahu Nau Nau, un autel de 7 moaïs, dont la plupart portent encore leur pukao, la coiffe des moaï d’une couleur brune. Les premiers habitants de l’île, les Haumaka, se sont installé ici, dont les traces de leurs sédentarisation sont encore visibles.

Malgré la beauté du lieu, il y a très peu de touristes. C’est un lieu fréquenté par les locaux de tout âge.

Ahu Nau Nau , Rapa Nui
Ahu Nau Nau

Plus loin, quelques chevaux, sauvages peut-être, nous tracent un chemin jusqu’à la crique d’Ovahe. Un lieu perdu, cachée sous une falaise de basalte, étincelante d’éclats d’obsidiennes héritées du volcan.

Une petit plage intimiste, presque défendue, accueille quelques téméraires.

Un soleil déjà rougeoyant éclaire l’île d’un éclat mordoré. Il est temps de rejoindre la ville. Un dernier détour sur Ahu Akiri, un Ahu de 7 moaïs sur les flancs du volcan, l’unique Ahu regardant la mer.

Nous regagnons Hanga Roa. Il est 18h. Au delà d’un promontoire, le soleil couchant éclaire un grand ahu, érodé par l’écume des vagues.

Une dernier rayon illumine les statues de pierre…

terre de treks

Rapa Nui – Ranu Kao, Orongo et Vinapu

Nous partons sur l’ascension du volcan Ranu Kao par un petit sentier. Un volcan éteint, dont le cœur abrite un marécage protégé et isolé de la mer. Le point de vue est vertigineux.

En longeant la crête, on rejoindre un ancien village, au bout d’un sentier pédestre : Orongo. Ici, il n’y a aucun moaï, seuls quelques pétroglyphes a moitié effacés.

Du village, on aperçoit 3 petites îles, Motu Kau Kau, Motu Iti et Motu Nui, sur lesquelles, chaque année, les hirondelles de mer, traversent l’Océan Pacifique pour venir y faire leur nid.

Ce voyage a donné naissance à un rituel, retracé dans les pétroglyphes, la cérémonie de l’homme oiseau : de juillet à septembre, pendant le printemps austral, les meilleurs guerriers entraient en compétition dans le but de ramener au village le premier œuf de la saison. Erigé à l’état de demi-dieu, le gagnant obtenait alors le titre d’homme-oiseau, interlocuteur entre les dieux et les hommes…

Rapa Nui - Ranu Kao
Le cratère du volcan Ranu Kao

 

Nous redescendons au pied du volcan pour atteindre un autre site énigmatique, Ahu Vinapu. Au bout d’un promontoire battu par les vents, reposent plusieurs moaï dans un état d’érosion avancé, et un autel. Seul l’autel, ou ahu, est encore en place.

Car il présente une particularité : toutes les pierres sont parfaitement assemblées, sans mortier. Une imitation parfaite des techniques de maçonnerie inca, alors que les légendes et historiens s’accordent sur une origine polynésienne des habitants de l’île (Marquises ou Salomons). Et si les incas étaient parvenus jusqu’à l’Ile de Paques ?

Rapa Nui Ahu Vinapu
Ahu Vinapu

terre de treks

Rapa Nui – Hanga Roa

Hanga Roa. Les rues colorées de fleurs multicolores s’animent des venues de villageois et de quelques touristes en kway. De petits marchés improvisés distribuent légumes et fruits exotiques.

Au gymnase, les enfants apprennent une des danses rituelles de Rapa Nui, patrimoine inestimable transmis de génération en génération. Une chorégraphie précise accompagne les paroles en rapanui.

Ce soir, une troupe de musiciens et de danseurs se produisent dans une salle de spectacle. Comme ailleurs, on s’imagine que ce genre de spectacles est fait pour les touristes en manque de folklore local. La salle se remplit, le bar sert des rhum à 2€ dans de petits verres en plastiques, et bien vite on se rend compte que nous sommes les seuls touristes !

Tout le village se réunit, écouter les musiciens, sortir ses petites brochettes de poulet mariné d’un brasero, monter sur scène avec les danseurs et profiter d’une soirée sympa dans une ambiance festive et décontractée.

Les danses traditionnelles de l’île de Pâques rappellent la Polynésie, mélange de gestuelles tribales et de chorégraphies. Les danseurs presque nus, tatoués et les muscles saillants, exécutent des mouvements guerriers, proche du haka maori. En opposition, les danseuses empruntent au folklore polynésien son charme et sa sensualité.

terre de treks

Dernier matin. Il pleut. Le ciel exprime avec violence notre émotion. C’est déjà l’heure du retour. On traverse le tarmac de la piste du petit aéroport en s’abritant tant bien que mal. On décolle…

En dessous de nous, sous les volutes de nuages, la verte Rapa Nui, ne semble déjà plus qu’un petit point vert sur l’océan gigantesque.

Une île chargée d’histoire, de rites et de mystères. Mais une île où la danse, le chant et la gastronomies font plus que jamais partie de la vie des habitants, qui perpétuent avec fierté les traditions de leurs ancêtres polynésiens.

terre de treks

Bilan de ces 4 jours

Ce qu’on a aimé

  • L’ambiance « bout du monde ». L’ïle de Paques est tellement isolée de ses voisins que son accès est naturellement limité à centaines de touristes par jour, quelle que soit la saison, en raison du faible nombre de vols. L’afflux de touristes est donc naturellement limité et se réparti équitablement sur les sites.
  • Le charme polynésien. Entre les danses, l’accent local, la végétation tropicale et le collier de fleurs de bienvenu, l’île de Paques possède clairement le caractère des îles du Pacifique
  • La magie des lieux. Même avec toutes les explications scientifiques, archéologiques et historiques, il n’en demeure pas moins que l’île est toujours emplit de mystères insondables. Les gigantesques moais n’y sont pas pour rien, et restent un emblème d’une puissance incomparable.

Ce qu’on a moins aimé

  • La gastronomie. Ce n’est pas le point fort de la culture insulaire. Il est tout de même possible de trouver de bon petits resto, notamment celui-ci, qui nous sa tellement plu que nous y sommes retourné.
  • La ségrégation chilien / insulaire. C’est finalement une constante qui reste assez forte au Chili. L’annexion de territoires sur lesquels vit une population autochtone qui se retrouve réduit à l’état de sous-population et « parqué » dans des réserves. C’est le cas ici, mais c’est aussi le cas en Patagonie chilienne, avec d’autres tribus autochtone. Les maisons d’hôtes sont très majoritairement tenues par des chiliens, dans les pascuans viennent s’occuper du ménage… Affligeant.

Ce qu’on aurait pu faire mieux

  • Le lever de soleil sur Ahu Tongariki. On l’a manqué, pas eu de chance avec la pluie. Si vous voulez garder un souvenir impérissable de l’île, il faut absolument réserver un coucher de soleil (vers 17h30) sur le périmètre Ahu Tahai / Ahu Ko Te Riku, et un lever de soleil (vers 5h30) sur  Ahu Tongariki.
  • Rester 2 jours de plus. 4 jours c’est vraiment le minimum. On a le temps de faire le tour, mais tout juste. Pas le temps de flâner une après-midi sur la magnifique plage d’Anakena, ou de randonner autour du volcan central.

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  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post last modified:15 janvier 2020

Cet article a 4 commentaires

  1. Diane

    Bonjour, votre blog est sublime et m’est d’une grande aide pour mon voyage l’hiver prochain en Amérique du Sud. Auriez vous un logement à recommender sur Rapa Nui (familial si possible vu que nous y serons à Noël) ? Merci bcp !!

    1. Raphael K.

      Bonjour Diane,
      Tout dépend de votre budget. Personnellement, le meilleur compromis est pour nous de dormir chez l’habitant. La plupart des propriétaires louent des cabanas, des chambres avec toutes les comodités : cuisine, sdb, lave-linge,…
      Les hotels sont souvent un peu plus confortables, mais aussi beaucoup plus cher (au moins 100€).
      Nous étions chez Te’Ora, mais il semble que le site a disparu et qu’il ne soit plus possible de louer quoi que ce soit.
      Dans le même esprit, je peux te conseiller les Cabanas Anariki, vraiment sympa et parfaitement situées : https://www.booking.com/hotel/cl/cabanas-anariki.fr.html
      Ou chez Akiko, qui proposent des bungalows pour 4 à 6 personnes (2 chambres) : https://www.booking.com/hotel/cl/cabanas-akiko.fr.html

      Un article est en cours de préparation sur toutes les infos pratiques et les bonnes adresses de Rapa Nui. Il devrait être prêt pour septembre, mais si tu as des questions, n’hésite pas à envoyer un mail !

      Bonne journée,

      Raphaël & Angélique

  2. Alain

    Salut Raphaël,
    Ton blog est juste sublime (textes et photos), bravo 🙂 !
    Amicalement,
    Alain

    1. Raphael K.

      Salut Alain,
      Merci beaucoup !
      Ce fut bien cool toutes ces années.
      A très vite,
      Raphaël

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